Olivier Bayle
J’ai le plaisir d’accueillir Monsieur Guillaume Berson du cabinet TT Géomètres Experts, bien connu dans le domaine de la capture de la réalité (Photogrammétrie et Lasergrammétrie) pour nous parler du projet de rénovation des Tours Nuage – La Défense.
Avant de commencer un peu d’histoire (sources Wikipédia) :
Les tours ont été Construites entre 1973 et 1981 sur les plans d'Émile Aillaud en collaboration avec l'ingénieur Ashton Azaïs et l'entreprise Proco 1, l’ensemble est composé de 18 tours d'habitation :
- deux tours de 38 étages
- sept tours de 19 étages (tours C2, C3, C4, C5, C6 et C7)
- neuf tours de 8 à 12 étages
soit au total de 1607 appartements.
Bonjour Guillaume, dans quel cadre s’inscrit votre mission :
Le projet s’inscrit dans le cadre d’une rénovation de façade doublée d'une isolation thermique par l'extérieur. Le bailleur social (OPH de Nanterre) souhaitait fournir au cabinet d'architecture RVA en charge de l'opération un relevé et des plans précis de 5 tours afin qu'il conçoive son projet sur la base de documents fiables.
Nous avons beaucoup échangé avec l’architecte pour lui fournir les documents les plus pertinents et les plus utiles pour son étude : plans topographiques, nuages de points avec viewer en ligne, orthophotographie déroulée des façades, modèles 3D Revit, maillages d’éléments de détail. L’ensemble des livrables a nécessité l’utilisation de presque 10 logiciels et mobilisé les compétences de 8 personnes.
Quelle est le workflow que vous avez utilisé pour obtenir la maquette BIM ?
Nous avons généré un nuage de point géoréférencé par tour au format Recap avec les données du scanner. Suite à la création d’un gabarit géoréférencé en coordonnées partagées, on a modélisé directement sur le nuage dans Revit.
Le géoréférencement est primordial car il permet, en combinant les fichiers Revit, que chaque tour soit à sa localisation exacte et qu’elles soient bien positionnées les unes par rapport aux autres.
Quels sont les procédés que vous avez utilisés pour capturer les existants ?
Nous avions deux équipes sur site pour réaliser les relevés. La première équipe s’est occupée de réaliser les vols et prises de photos par drone. On a ainsi pu avoir accès à des zones très peu visibles depuis le sol (l’une des tours est un IGH de 38 étages !). Un drone classique du commerce type Phantom 4 Pro était suffisant pour cette prestation.
La deuxième équipe avait en charge le scanning des extérieurs et des intérieurs, ainsi que le positionnement des points de calage par tachéométrie classique et géoréférencement. Ces points de calage sont extrêmement importants et nous permettent de valider l’ensemble de nos calculs. En ce qui concerne le matériel, on a utilisé un Leica P30 pour les extérieurs, et un FARO Focus S150 pour les intérieurs.
Ça représente quelles quantités des données ?
La question qui fâche… Les quantités de données que l’on collecte sont gigantesques par rapport à ce que l’on pouvait avoir il y a quelques années.
On a pris plus de 5000 photos par drone, soit environ 40Go de données. Par scan, on a environ 150Go de données terrain à assembler. On a séparé les nuages intérieurs et nuages extérieurs, qu’on a ensuite traité pour diminuer la taille et les manipuler plus facilement.
Si on prend l’ensemble des données terrain, calculs, nuages, maquettes, etc…On arrive à 1,5 To de fichiers !
Comment avez-vous assemblé les nuages de points issus du scanner et de la photogrammétrie ?
Les deux nuages n’ont pas vraiment été assemblés en tant que tel, dans le sens où ils n’ont pas été mergés dans un seul calcul. C’est possible mais nous n’en avions pas l’utilité ici. On a cependant utilisé des points de calage issus du scanner pour géoréférencer le nuage drone dans le même système. Les nuages sont ainsi parfaitement superposables.
Vous avez utilisé le logiciel AutoCAD mais pour quelles raisons ?
AutoCAD reste un logiciel indispensable pour beaucoup d’opération. On en a eu besoin pour dessiner les plans topographiques à partir du nuage de points. On a aussi généré un fichier général qui nous a servi de base au partage des coordonnées avec Revit.
Vous avez modélisé les maquettes BIM à l’aide du logiciel Autodesk Revit. Outre le fait que le logiciel fasse partie de la collection Autodesk, quelles furent vos motivations pour l’utiliser ?
C’est le logiciel que l’on maitrise le mieux en matière de BIM, et c’est aussi le logiciel qu’utilisait l’architecte. Il répondait techniquement aux besoins donc il n’y avait aucune utilité de se tourner vers une autre solution.
Autodesk Revit, pouvez-vous nous donner quelques chiffres ?
Il y a 3 personnes qui ont participé à la modélisation, dont une spécifiquement pour les familles, notamment les familles de fenêtres paramétriques qui étaient assez compliquées sur ce projet (cf. les fenêtres en « feuille de sauge »).
Le travail en collaboration n’était pas utile car chacun travaillait sur un fichier indépendant. J’ai assuré la coordination des équipes de production et ça a été suffisant pour livrer les fichiers dans les temps. Nous avons fourni 5 modèles RVT, 1 par tour, d’environ 40Mo chacun.
Comment avez -vous partagé vos maquettes avec l’architecte ?
Nous avons réalisé des livraisons intermédiaires à l’architecte via upload sur notre espace pro et réalisé une réunion de calage à mi-parcours. La livraison finale s’est également faite sur un espace en ligne.
Nous avons également fourni certains des nuages de points grâce à notre visualisateur en ligne que nous développons en interne depuis plusieurs mois. Cela a permis à l’architecte de mieux se repérer, prendre des mesures, et consulter directement les photographies (drone) géoréférencées sans avoir à transférer des fichiers de plusieurs dizaines de Go.
Un projet rondement mené à ce que je vois, avez-vous d’autres projets dans les cartons ?
Toujours. Les relevés 3D sont quasiment indispensables, et nous sommes équipés de toutes les technologies disponibles ce qui nous donne beaucoup de souplesse pour adapter notre réponse aux besoins du client (Photogrammétrie, Scanner 3D, Lidar Aérien, Scanner Dynamique, …).
En ce qui concerne la modélisation, nous avons également de plus en plus de demandes. On a commencé à former des équipes sur le logiciel Autodesk Revit depuis 2014 et on ne regrette pas du tout ce choix !
Enfin pour clore l’entretien, où peut-on vous joindre (je pense le site web mais c’est bien de le préciser) ?
Nous avons un site web qui recense l’ensemble de nos savoir-faire et quelques-uns de nos travaux. On peut nous contacter directement de là via un formulaire, on fera de notre mieux pour répondre au plus vite.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le projet, je leur donne rendez-vous à cette adresse
Merci Guillaume d’avoir partagé cette histoire avec la communauté Village BIM.